Ayten Mutlu
LETTRE AU FILS SOUS L’OMBRE DE LA GUERRE
mon fils, cette lettre est écrite
par des cris de soies amincies
elle ne te racontera donc pas les maisons de vigne
ni les saisons velours sur les carreaux
ni les tombées de la nuit, ni les rires
cette lettre est écrite sur le territoire d’une histoire blessée
avec les souffles des fils perdus
et peut-être ne pourra-t-elle même pas te parvenir
elle ne sera pas retournée non plus
comme les valises oubliées dans les bureaux de consigne
des heures silencieuses, des soldats qui ne retournent plus
la vie, je t’attends comme un amour désespéré
ce visage couleur de jade que les larmes lavaient
un étourdissement sans merci du vent du sud que j’ai
depuis que tu es parti, le fusil à la main
fils, le feu qui ne cesse pas
c’est le feu de la modification
le feu qui pétrit la pâte du pain t’a pétri dans mon utérus
je t’ai porté comme une pierre précieuse fragile
je t’ai soigné comme des fleurs épanouies en pleine neige
la patrie est une verroterie fragile, ai-je dit
garde-la bien, elle peut tomber tes mains
la terre est ta maison et les âmes avoisinent les maisons
elles échangent le sel avec les gens
mais la terre n’est jamais du sel, ô fils
où vas-tu ainsi, fusil à la main ?
il est le jour blessé, la date perdue, la naissance salée
l’océan au sel empoisonné, le sang à vendre, mon fils à qui j’ai
donné la vie, mon petit, qu’est-ce que 21 ans ?
tu n’as pas eu même le temps de nommer le fou qui suit ton ombre
tes yeux n’ont pas encore clairement vu le monde
tu n’es pas le soldat de plomb ni la perce-neige éclose dans le
sable, tu n’es pas l’univers qui se répare
même-si tu reviens
tu y laisseras ta jeunesse
l’époque du grenadier, du rosier, de l’acacia
tu n’as même pas eu le temps d’ajouter un rayon au soleil noir
tandis que l’amour t’attend, et les mères attendent leurs enfants
tandis que les jouets, les mains chaudes attendent
et que les enfants attendent les balles, les bombes tout juste
inventées dans un bruit de feuillage
où vas-tu ainsi, mon fils ?
parce que la paix est un chant au canon du fusil
elle est une rose fixée sur le casque, mon fils
et l’enfer est en nous si par hasard l’enfer se lézarde dans ton cœur
n’aie pas peur, sois le silence qui se brise
quand il se disperse en mille morceaux tremblants, incertains
et tordus et que les visages s’effacent l’un l’autre
n’aie pas peur, touche l’eau et ensevelis ton cœur de terre
interroge le signe sur la pierre, vois la blessure du moment
sois l’âme de la vie, et le maître des mots
au moment où la peur s’est transformée en victoire
quand le baiser d’or a touché ton front
l’âme est un miroir de lumière
elle reflète l’autre
et le paradis est en nous
si par hasard le paradis se lézarde dans ton cœur
n’oublie jamais, mon fils
la lumière se brise dans l’eau, et l’eau dans les miroirs
quand l’eau s’est brisée dans les miroirs
la mort aussi à son tour
est un cadeau pour l’homme tout comme la vie Traduction : Mustafa Balel & SAVAŞIN GÖLGESİNDE OĞULA MEKTUP
oğlum bu mektup incelen ipeklerin çığlığıyla yazıldı o yüzden bağ evlerinden, camlardaki kadife mevsimlerden akşam üstlerinden, gülüşlerden söz etmeyecek bu mektup incinen bir tarihin topraklarında yitik oğulların soluğuyla yazıldı ve belki eline geçmeyecek emanette unutulan bavullar, suskun saatler geri dönmeyen askerler gibi geri de dönmeyecek
umutsuz bir aşk gibi beklerim seni hayat, o yeşim taşı, gözyaşıyla yıkanan yüz amansız bir lodos sersemliği bende elinde silah, gittin gideli
oğlum, susmayan ateş değişimin ateşi ekmeğin hamurunu karan ateş, kardı seni rahmimde kırılacak mücevher gibi taşıdım seni büyüttüm karda açan çiçekler gibi vatan dedim sırçadır, iyi koru, düşüverir elinden toprak evindir ve komşudur ruhlar evleretuz alır, tuz verirler toprak tuza benzemez ki ey oğlum elinde silah, böyle nereye? yaralanmış gün bu, kayıp tarih, kirli milat tuzu zehir okyanus, satılık kan, can verdiğim başak oğlum, ağulum, nedir ki yirmi bir yaş? ad veremedin daha gölgendeki deliye dünyayı çıplak görmedi ki gözlerin
kurşun asker değilsin ki, kumda biten kardelen kendi kendini onaran evren değilsin ki dönsen de, bırakıp geleceksin orada gençliğini
nar ağacı, gül dalı, akasya çağı
gün doğurmadın daha kara güneşe
aşklar seni beklerken, ve beklerken çocukları analar
ve beklerken oyuncaklar, elimsendeler
ve çocuklar beklerken mermileri, son icat bombaları
oğlum, taşıyarak yaprakların sesini
böyle nereye?
çünkü barış namludaki türküdür miğfere ekilen güldür ey oğlum ve cehennem içimizdedir bizim
ola ki cehennem çatlarsa yüreğinde korkma, kırılan sessizlik ol, titrek, belirsiz ve çarpık köşeler parçacıklara dağıldığında, yüzler birbirini ufalttığında korkma, suya dokun ve yüreğine toprağı sar, taşa işareti sor, gör anın yarasını hayatın ruhu ol, sözlerin efendisi korkunun zafere dönüştüğü an o altın öpüş değdiğinde alnına can ışıktan aynadır, yansıtır diğerini
ve cennet içimizdedir bizim
ola ki cennet çatlarsa yüreğinde
sakın unutma oğlumışık suda kırılır, su aynalarda
aynalar suda kırıldığında
ölüm de hayat gibi
eşsiz bir armağandır insana